Histoire du Musée
Situé en contrebas de la Tour Saint-Martin, le Musée de Saint-Imier s’inscrit dans le cœur historique de la ville qui l’abrite. Intégré au Relais culturel d’Erguël, il est au centre d’un pôle socio-culturel rassemblant le Centre de Culture et de Loisirs, la Bibliothèque régionale, la Ludothèque et l’Espace jeunesse d’Erguël.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’émulation grandissante qui accompagne le développement des sciences incite à doter les écoles de collections pour éduquer les enfants par l’expérience. Ces accumulations d’objets en milieu scolaire sont à l’origine de nombreux musées, comme c’est le cas à Saint-Imier. En 1861, la collection de Georges Agassiz (1846-1910), entomologiste et futur fondateur du comptoir horloger Agassiz et Fils, pose les premiers jalons d’un musée pédagogique. La nomination au poste de professeur de sciences naturelles et de mathématiques de Louis Rollier (1859-1931) accélère ce processus accumulateur avec le rachat de la collection Challandes. Désormais, les objets sont classés et mis en vitrine à disposition des élèves et des intéressés: le musée de Saint-Imier est né.
À destination des nouvelles générations, le musée s’enrichit grâce aux donations des Imériens. De nombreux immigrés envoient des pièces exotiques, la collection se veut encyclopédique. Si la majorité des objets couvrent les domaines des sciences naturelles, des pièces historiques, ethnographiques et de numismatique viennent également compléter le panel.
Entre 1924 et 1925, la Commission du musée obtient une nouvelle salle pour le musée. Initialement pensée comme salle historique, celle-ci devient finalement une salle beaux-arts à la suite de la donation posthume d’une dizaine d’œuvres du peintre Rodolphe Christen (1859-1906). Dès les années 1920, une attention particulière est également portée sur les œuvres artistiques avec la création d’une galerie de tableaux.
En 1924, le musée se compose de deux salles d’exposition, l’une traitant des sciences naturelles, l’autre d’histoire.
En 1936, la descendante de la famille Blancpain, Berthe-Nellie de Cérenville Blancpain (1889-1972), offre une trentaine d’œuvres de son oncle, Jules Blancpain (1860-1914), célèbre peintre orientaliste. Cette donation mène à la création d’une nouvelle salle du musée dédiée aux arts inaugurée en 1942.
En 1948, le manque de place pour accueillir les enfants se fait sentir, le conservateur du musée est prié de déplacer temporairement les œuvres Blancpain afin d’accueillir une nouvelle classe. Le temporaire devient permanent, et le musée se retrouve à nouveau avec une salle unique. Très encombré, le musée n’accueille plus de visiteurs en 1949.
En 1952, le musée rouvre au public avec trois salles: la salle scientifique, la salle Blancpain et la salle Jules Girard (1852-1938), dédiée au legs de ce personnage emblématique de Saint-Imier. Mais les réjouissances sont de courte durée. En 1955, les dirigeants du musée sont priés de fermer les deux nouvelles salles dédiées à Blancpain et à Girard en vue d’accueillir des salles de classe. Les œuvres et objets sont emballés et entreposés à l’étage inférieur du poste de gendarmerie, Rue Baptiste-Savoye 66.
L’année suivante, nouvelle déconvenue, c’est désormais la salle principale du musée qui doit être évacuée. En 1957, les collections sont emballées et déménagées dans les combles de l’École primaire. Débute alors une longue hibernation de quarante ans, ponctuée de quelques donations et d’expositions temporaires.
En 1996, Nicole Lachat-Feller, conseillère municipale en charge de la culture, s’attelle au sauvetage du musée. Dans un premier temps, les collections sont déplacées dans de nouveaux locaux, ceux de l’actuel musée, à la Rue Saint-Martin 8. Durant sept ans, les collections sont dépoussiérées, répertoriées, classées et une nouvelle exposition permanente est aménagée. En décembre 2002, le nouveau musée, désormais régional, est inauguré en grande pompe. Il propose désormais un parcours thématique sur l’histoire du vallon de Saint-Imier et des expositions temporaires.
Dès lors, les collections ont continué de s’enrichir dans les domaines des arts et de l’histoire régionale. Les collections de sciences naturelles et d’ethnographie ont été fermées, les objets s’y rapportant qui pourraient être proposés à l’institution sont donc désormais refusés et orientés vers d’autres musées.
En 2016, le musée de Saint-Imier, tout comme de nombreuses autres institutions du Jura bernois, est reconnu d’importance régionale par le Canton de Berne. Il bénéficie ainsi de subventions dans le cadre de la Loi sur l’Encouragement des Activités Culturelles (LEAC), lui permettant d’assurer ses tâches annuelles. De nombreuses collaborations sont, dès lors, mises en place avec le Musée d’Art et d’Histoire de La Neuveville et le Musée du Tour automatique et d’Histoire de Moutier.
En 2017, le musée de Saint-Imier et Mémoires d’Ici ont participé à la sauvegarde des collections du musée de Sonvilier, fermé faute de place. Cette même année, le musée de Saint-Imier a fermé ses portes pour réaliser sa mue. Durant quatre années, d’importants travaux ont été menés en vue d’agrandir l’institution pour accueillir une nouvelle exposition permanente, l’Espace des Troupes jurassiennes, et redéployer un nouveau parcours permanent sur l’histoire régionale.
Rouverte à l’automne 2021, l’institution se profile aujourd’hui en tant qu’institution régionale illustrant l’histoire du vallon de Saint-Imier et de ses habitants, mais également comme un espace interjurassien gardien de l’histoire militaire du Jura historique. Des expositions temporaires sont fréquemment proposées afin de développer des thématiques spécifiques en lien avec les collections de l’institution.
Le bâtiment
Au cœur du vieux Saint-Imier, surplombé par la Tour Saint-Martin, le bâtiment du Musée était autrefois constitué de deux maisons et d’une forge. La date exacte de la construction de ces bâtiments n’est pas connue, mais doit remonter aux alentours du XVIIe siècle.
Le premier forgeron connu est Jean-Jacques Stetter, dont les armoiries ornent encore le retour de la façade nord. Jacques Boegli (1873-1947), maître serrurier, lui succède ainsi que ses descendants. La famille Boegli est à l’origine de la renommée de la forge imérienne. Les spécialités de la maison sont alors: le ferrage des chevaux, le travail du fer forgé pour des portails ou des balustrades et le ferrement pour charrettes. Après plusieurs décennies de travail du métal, les Boegli se retirent des affaires et cèdent leur forge à l’un de leurs ouvriers: Franz Scheuner. Ce dernier poursuit les activités pendant une vingtaine d’années avant de fermer définitivement boutique dans les années 1960.